Quel type de réponse peut-on s’attendre à recevoir d’un éditeur à qui on aurait envoyé son manuscrit ? Benoît Virot du Nouvel Attila répondait à cette question lors d’une rencontre programmée par le festival littéraire Oh les beaux jours !, à Marseille.
Les étudiants des Métiers du livre « dans la peau d’un éditeur »
La rencontre consistait en la restitution d’un atelier mené avec des étudiants de l’IUT Métiers du livre (d’Aix-Marseille Université) à qui l’éditeur avait transmis trois manuscrits* (vierges de toute intervention éditoriale) pour qu’ils rédigent une lettre d’acceptation ou de refus pour chacun. L’occasion pour eux de se confronter à ce délicat exercice d’évaluation et de diplomatie. Dans les lettres lues, les critiques et commentaires portaient sur l’intrigue, la structure, le style, le rythme. Les étudiants y soulignaient telle audace ou telle idée ingénieuse, ou y critiquaient les trop nombreuses répétitions ou les longueurs relevées.
Lettres de refus ou d’acceptation de manuscrit
Puis Benoît Virot a expliqué quel type de lettres Le Nouvel Attila envoyait aux auteurs ayant adressé leur manuscrit à la maison d’édition (les deux critères de choix d’un manuscrit étant à ses yeux l’écriture et l’inventivité du texte). Trois lettres de refus différentes sont envoyées : la « lettre de refus type » ; la « lettre personnalisée » pour un texte possédant des qualités certaines ; et enfin la « lettre d’encouragement » pour un texte qui ne correspondrait pas au catalogue, par exemple, mais dont l’éditeur suivra l’évolution ou dont il parlera autour de lui. Quant aux lettres d’acceptation, l’éditeur en envoie deux types : la « lettre d’acceptation enthousiaste » adressée à l’auteur d’un manuscrit ne nécessitant qu’un léger accompagnement éditorial, et la « lettre d’acceptation prudente » pour un manuscrit qui aurait besoin d’être retravaillé pour être amélioré et intégrer le catalogue de la maison d’édition.
Le travail éditorial sur le texte de l’auteur
Un texte est en effet une matière vivante qu’on peut retravailler, grâce aux conseils reçus du professionnel qu’est l’éditeur. Les améliorations et corrections à apporter sont variables : de la simple intervention sur la ponctuation, à la demande de réécriture d’une description, en passant par la suppression d’un personnage secondaire, etc. L’auteur doit être ouvert aux critiques constructives, car l’édition d’un livre est le fruit d’une collaboration. C’est pourquoi la « lettre d’acceptation prudente » dans laquelle l’éditeur expose clairement ce qui pourrait faire obstacle à l’édition est à considérer, selon les mots de Benoît Virot, comme « fondatrice de la relation auteur-éditeur ».
Une rencontre très intéressante, donc, avec un éditeur pas avare de conseils aux auteurs venus l’écouter. Au passage, les mythes de l’éditeur dans sa tour d’ivoire et de l’auteur incompris ont été quelque peu égratignés. On ne s’en plaindra pas.
*La Femme qui ressuscite, Nadia Oswald / Les acouphènes, Élodie Issartel / Remington, Christophe Ségas