La 10e édition des Treize Minutes Marseille a eu lieu le 4 avril dernier. Cet événement, désormais installé dans le paysage de la culture scientifique locale, permet à des chercheurs issus de différentes disciplines de communiquer sur leurs travaux.
Un format de médiation scientifique original
Cette année, les Treize Minutes avaient lieu à l’Espace Julien, une salle de spectacle située dans le quartier populaire de La Plaine, à Marseille. L’événement a réuni un public de curieux venu assister à une série de six conférences de 13 minutes chacune sur des sujets aussi variés que la reforestation, la théorie des jeux, la surpêche, la langue des signes, la microscopie optique ou la musique cérébrale.
Les Treize Minutes Marseille sont organisées depuis 2013 par Aix-Marseille Université, sur une idée originale de l’université Paris-Diderot. Le format des conférences s’inspire des conférences TED (« Technology, Entertainment, Design ») qui visent à « diffuser des idées inspirantes et novatrices à travers le monde » grâce à des vidéos de talks accessibles en lignes. Le format court des interventions rompt avec celui des communications des séminaires, car il répond à une exigence : rendre accessibles des informations scientifiques à des non-spécialistes.
L’enjeu est de permettre à la société de se saisir des connaissances produites par les chercheurs. Car si la révolution numérique a rendu accessibles les informations scientifiques, grâce à des plateformes comme OpenEdition, la société peine à s’emparer de ces ressources. Une médiation scientifique incarnée est donc bienvenue. L’objectif est d’éclairer les citoyens afin de les aider dans leurs mobilisations. Par exemple, Sophie Gambardella, chargée de recherche au CNRS, a conclu sa conférence sur la surpêche du thon en Méditerranée en rappelant que, dans ce cas précis, l’opinion publique avait permis de faire réagir les organes politiques.
Communiquer sur les applications de la science
Aix-Marseille Université propose ainsi aux chercheurs travaillant en son sein de participer à sa programmation de culture scientifique. Les six intervenants des Treize Minutes ont bénéficié d’une formation visant à les préparer à manier l’art oratoire. La finalité est de leur permettre de communiquer sur les domaines d’application de leurs travaux : Thomas Chaigne, chargé de recherche au CNRS, a ainsi pu présenter les bénéfices apportés par l’imagerie photo-acoustique dans l’exploration des tissus biologiques.
Les Treize Minutes font donc d’une pierre deux coups. L’exercice de vulgarisation scientifique est aussi l’occasion de communiquer sur la méthode scientifique et sur le rôle de la recherche dans la société. La communication se déroule en deux temps : l’interaction en direct avec le public pendant l’événement et la diffusion de vidéos des conférences a posteriori grâce à la chaîne Vimeo de Treize Minutes Marseille. En effet, le format court de 13 minutes est particulièrement adapté à une diffusion web efficace.
Infuser des connaissances dans la société
En conclusion, l’ambiance festive, l’approche ludique, la scénographie de l’espace, et bien sûr la qualité des exposés font des Treize Minutes un moment d’interaction réussi entre les chercheurs et le public. Le dispositif familiarise les citoyens avec des concepts scientifiques actuels, et ce faisant, leur transmet des outils pour mieux intervenir dans le débat public.