Publier un texte, c’est le rendre public. De la publication sur Twitter à celle dans une maison d’édition, en passant par l’auto-édition d’un livre, 1001 manières de publier existent...
Le fanzine à l’honneur au FRAC de Marseille
Au festival international du fanzine de Marseille, on pouvait rencontrer fin avril de nombreux fanzineurs venus présenter leur production. Dans la programmation également, des tables rondes passionnantes autour d’un objet qui a beaucoup évolué depuis sa création. Au point que les pistes sont aujourd’hui un peu brouillées… et les possibles augmentés.
Évolutions : du fanzine au webzine
Historiquement (dans les années 30), le fanzine est un magazine de fans de science-fiction autopublié (« fanatic magazine »). Plus tard, les fans de rocks et de musique punk s’en emparent. Aujourd’hui, le fanzine est investi par les artistes, les chercheurs et les éditeurs. Le champ de la critique amateur s’est en effet clairement déplacé sur le web. À propos de cette évolution, il faut lire l’édito de Ged du « website » Nawakulture. Ancien fanzineur, il ne souhaite pas utiliser le terme « webzine » pour son site ; alors que d’autres le font — légitimement —, comme le webzine Quatre sans Quatre (dont l’auteur, Patrick Cargnelutti, a d’ailleurs lui aussi écrit ses premiers articles dans un fanzine brestois, Mazout).
Le fanzine contemporain, un objet pluriel
Autrefois issu de la culture pop, le fanzine fait aujourd’hui l’objet d’une appropriation experte. Du coup, ses terrains d’expérimentation se sont multipliés. Au festival Rebel Rebel, on a notamment vu des fanzines en forme d’objet d’art contemporain où est reproduite l’esthétique DIY (do it yourself) ; d’objet de diffusion d’idées, notamment pour des chercheurs (Imageries, diffusé par un « collectif d’édition féministaqueer ») ; d’objet pédagogique pour des élèves des quartiers Nord qui se sont approprié le média ; de programme du festival Rebel Rebel enrichi d’illustrations et d’articles… Un même support pour une variété de discours, donc.
Diversité et communauté
Au-delà de cette diversité de fonctions et de lignes éditoriales, ces fanzines s’inscrivent dans une culture commune et, à ce titre, possèdent un certain nombre de points communs :
- Ils sont imprimés en petites quantités et leur diffusion est très ciblée. L’idée étant de bien identifier le lectorat.
- Ils sont nés de la philosophie du DIY : peu importe si la maquette est simple, les fanzines sont avant tout créatifs et alternatifs, tout le monde peut en faire.
- Leur caractère alternatif leur confère une dimension politique. Les fanzines investissent des champs laissés vides, des niches. Ce qu’Olivier Nourisson appelle une « dépression du langage ».
- La démarche des fanzineurs n’est pas commerciale, ce qui leur permet de conserver une indépendance éditoriale et une certaine authenticité.
- Le fanzine répond à une esthétique particulière : collage, recyclage, scotch apparent, aspect « dirty » imitant ce que Samuel Étienne nomme « l’esthétique de la photocopieuse »…
En conclusion, le fanzine demeure un objet imprimé conçu dans une économie de moyens, adapté à une diffusion restreinte, mais ciblée. Une bonne source d’inspiration pour tout auteur indépendant à la recherche de solutions d’auto-édition.